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Organ2/ASLSP (1987), John Cage-James Joyce

Orgue Jean de Joyeuse (1694) Jean-Christophe Revel

France David, danseuse

Christine Fort, artiste visuelle

Bruno Blais, photographe

 

 

Auditeur, toi qui entre ici, abandonne toutes tes habitudes d'écoute, tu rentres en terre inconnue....

Laisse toi surprendre et prendre par la musique et le monde de nos arts

 

John Cage (1912-1992)

Si l'oeuvre pour piano préparé de J. Cage est aujourd'hui mondialement connu et si ce compositeur est aujourd'hui réputé pour son originalité voire parfois son excentricité, son oeuvre dans sa globalité est encore fort méconnue du grand public. Il est même de bon ton  en France de s'en gausser. C'est oublier que John Cage dont l'oeuvre considérable mérite d'être mieux connue, est sans conteste l'un des plus grands compositeurs du XX° siècle. Abordant de multiples genres musicaux en privilégiant des collaborations et des connivences avec les plus grands artistes de son temps, John Cage ne cessera d'interroger la matière sonore, la position du musicien et du public et  le sens de la production  musicale. Considérant le silence comme une des composantes essentielles de la musique, le compositeur à l'instar des compositeurs dits concrets et acousmatiques invite l'auditeur vers des nouveaux chemins esthétiques dont l'horizon peine encore de nos jours à poindre.

 

 

Organ2/ASLSP (1987)par J-Ch Revel

Après un concert aux rencontres des musiques contemporaines d'Orléans en 1999, le compositeur Francis Miroglio me parla longuement de l'un des derniers concerts de J. Cage donné dans cette  belle  capitale du Loiret sur le grand-orgue A. Cavaillé-Coll de la cathédrale. Il s'agissait selon lui d'une grande pièce qui avait duré presque trois heures. Il ne savait plus me dire de quelle pièce il s'agissait (Cage a écrit plusieurs pièces destinées à l'orgue). Je veux croire qu'il s'agissait d'As Slow as possible dans sa version destinée à cet instrument. Oeuvre-monde inspirée d'une magnifique phrase de James Joyce issue du dernier paragraphe de Finnegans Wake «Soft morning, city, LSP!»

La phrase elle -même est sujette à diverses interprétations (Douxjour, ma ville ou Moujour ma ville etc..), le génie de Joyce réside bien dans la polysémie du texte qui transparait même dans l'exercice de traduction. C'est bien ces différents niveaux de lecture que Cage s'approprie pour faire de ASLSP une oeuvre dense et sans cesse renouvelée. Bien que très écrite, l'oeuvre demande un certain degré d'engagement  de  l'interprète qui décide des durées de par la disposition graphique des notes et des accords disposés avec précision sur la page. Tout doit y être joué le plus lentement possible (attaques, gestes, registrations et durées). Ainsi les 8 pièces sont pensées dans un tempo lent allant de 1 seconde à 4 secondes par mm.

Auditeur,tu pourras t'assoir un instant ou déambuler au gré de tes choix, trois artistes t'accompagneront dans ton voyage intérieur et sonore

Les performances:

Jean-Christophe Revel a demandé à trois artistes dont il aime particulièrement le travail de s'associer à lui pour présenter la pièce de J. Cage. Trois regards, trois interprétations possibles entre mille autres sur l'oeuvre du compositeur américain.

Dans la première chapelle gauche en partant du fond dédiée à Sainte-Thérèse,

France David, danseuse

Nous avons souhaité travailler ensemble mais séparément. C'est par ce paradoxe que nous pourrions définir la présente collaboration. J'ai demandé à France d'intervenir ponctuellement sur la musique de Cage en se basant d'une part sur une processus d'improvisation et d'autre part sur une chorégraphie écrite. Imaginer ensemble un travail , chacun,  « à part soi », tel que le pratiquait  le compositeur avec son complice de toujours Merce Cunningham.

 

Allée latérale droite,

Christine Fort, artiste visuelle

Christine est une artiste protée dont chaque proposition esthétique interroge notre vie et notre place dans la société. J'ai souhaité l'inviter à travailler au gré de la musique, de ses lenteurs, de la variabilité de ses mouvements et de ses aspérités. Peindre dans l'instant sans filet devant chacun, créer ensemble une oeuvre dont on ne connaîtra pas forcément l'issue sont les bases de notre travail en commun qui s'élabore ce soir dans l'espace clôt de la cathédrale.

 

Dans toute la cathédrale,

Bruno Blais, photographe

Bruno ce soir ne montrera rien mais sera au coeur de la création. J'aime l'idée d'un travail qui se forme dans le secret de l'oeil de l'artiste formidable qu'est Bruno mais également dans l'obscurité de ses appareils photographiques. Il m'a proposé de partir sur le temps alangui qui aujourd'hui n'existe presque plus dans nos vies.

 

Ces trois collaborations ne sont que le commencement d'un travail que nous esquissons ce soir mais qui prendra peut-être des chemins inattendus et surprenant dans un avenir plus ou moins proche... ou lointain...

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